Mon expérience

Le 11 août 1999, à 12h25 environ au niveau de Paris, le soleil avait rendez-vous avec la lune. Je vous assure : j'y étais.

En fait, à Paris, seulement 99.9% du soleil était occulté, c'est pourquoi j'ai pris le train pour Chantilly.

Pourquoi Chantilly me demanderez-vous?

Et bien, parce que c'est pas trop loin de Paris (c'est quand même cher le train ;^) ) et surtout, il y a un champs de course, et qui dit champs de course, dit terrain dégagé, d'autant plus que ce lieu se situe devant un magnifique château. C'était donc tout naturellement à mes yeux un lieu rêvé pour un tel évènement, même si l'éclipse totale n'y durera guère plus d'une minute.

J'y vais donc le matin à neuf heure, pour avoir le temps de m'installer, avec mes fameuses lunettes, et un appareil photo pour immortaliser cet évènement. J'eus une petite frayeur quand j'ai vu le train bondé mais j'ai pu me faufiler et m'écraser contre la porte du train pour m'extirper ensuite à la gare. Le ciel était nuageux, mais quelques petits coins d'azur permettaient de garder espoir quant à la visibilité du spectacle.

J'avais bien choisi mon lieu puisqu'aussitôt installé, le soleil apparut, radieux et chaud en ce milieu de mois d'août. Je levai les yeux, et je vis le premier contact avec la lune, il devait être environ 10h.

Quelques nuages menaçants passent sans pour autant gacher le spectacle. Je prends quelques photos, à l'aide des lunettes, le premier verre étant sur l'objectif et l'autre me servant de viseur, en espérant pouvoir développer ces photos plus tard (en effet, j'ai utilisé un appareil quelconque, sans grossissement).

L'heure fatidique approche, l'atmosphère se modifie, la lumière change légèrement.
Le soleil est maintenant recouvert à 90% et on a l'impression d'être en fin d'après-midi avec une lumière orangée sauf à l'horizon où celle-ci reste très claire.

A 99% de couverture, on se croirait en fin de soirée, comme lors d'un couché de Soleil, mais c'est différent : le Soleil se couche en plein milieu du ciel.

Enfin, voilà le moment venu. Soudain, un nuage insidieux se pointe et nous cache la vue. Nous ne voyons pas le moment de l'éclipse totale, mais la luminosité chute prodigieusement. Il fait noir, et un petit vent frais se lève. Quelques secondes plus tard, l'indésirable laisse place à un spectacle sublime. Des cris se lancent, de joie peut-être d'assister à un si beau et si rare moment. Des frissons me traversent et je me sens à ma place : insignifiant devant l'immensité de l'Univers.

Il fait noir comme lors d'une nuit de pleine lune, et au loin, le ciel est orange sombre, c'est surréaliste.

Un cri s'étouffe dans ma gorge nouée par l'émotion. Une joie étrange s'empart de moi, la joie d'avoir vécu se moment qui restera inoubliable. Je comprends ainsi pourquoi certaines personnes quittent tout ce qu'elles ont pour partir à la chasse aux éclipses.

Déjà, l'éclipse totale se termine, et les énormes panaches rougeoyantes des éruptions solaires disparaissent devant l'éclat de notre Soleil. J'ai juste le temps de photographier, sans lunettes, la totalité, et le moment où le Soleil réapparait, c'est-à-dire l'Anneau d'Argent.
Je regarde alors le sol et je vois d'étranges ombres serpentant jusqu'au loin, simple effet d'optique mais tellement impressionnant.

C'est fini. Je reste encore un moment, le temps de retrouver mes esprits. J'ai vraiment reçu une décharge d'adrénaline, et en même temps, je me sens si calme et reposé.
Alors qu'il faisait presque froid à la totalité, l'air se réchauffe, et la vie reprend. Des oiseaux qui s'étaient cachés dans les arbres avoisinants se remettent à voler.

Je repars, des souvenirs pleins le tête. En chemin, je vois le curieux effet du Soleil sur le feuillage de arbres. En effet, les rayons de Soleil passant à travers les branchages ne laissent pas de tâche au sol, mais des multitudes de petits croissants de Soleil...

Voilà donc cette journée pas comme les autres qui se finit dans le train du retour.
Et j'espère vous avoir fait un peu rêver par ce petit récit d'un jour de ma vie.

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